samedi 14 juin 2008
Eldorado
Par Le e-consultant, samedi 14 juin 2008 :: Questions
Une question de Jambon Beurre :
Salut e-consultant !
Je viens te faire part de ma nouvelle vie.
Apr�s en avoir chi� comme un gars d'la mine pendant presque 3 ans chez un esclavagiste moderne, je viens de trouver un poste en or l� o� "l'herbe est pas forcement plus verte" (dixit mon ancienne boss) ! Ici j'ai droit � un titre bien pompeux et 2 couillons � mes ordres. Et on peut dire que je commence fort ma premi�re exp�rience de management parce que Nicolas et Pimprenelle ont presque rien � glander de la journ�e, du coup je te laisse imaginer le temps que je passe sur le ouaib.
Pour pas g�cher, ici le mot d'ordre c'est "pas d'heure sup' � la con". Et je peux te dire que c'est bien respect� parce que quand je me tire � 17h30 je retrouve ma bagnole en un clin d'oeil vu qu'il en reste pas plus de 3. Enfin en guise de pompon, la bouffe est � tomber et je la paie une mis�re. En plus, vu les quantit�s, j'aurais de quoi remplir le bide de 2 de mes anciens coll�gues.
Maintenant �a va te paraitre con mais �a commence � me faire flipper cet eldorado du buro... Si demain je dois quitter la boite pour une raison ou une autre �a risque fort de redevenir comme avant, et l� le retour aux sources risque d'�tre tr�s douloureux.
D'o� ma question : dans ces conditions, comment faire pour garder mes r�flexes de survie frais et dispo jusqu'au moment fatidique ?
La r�ponse du e-consultant :
Mon gars, t'es un vrai malade. T'as p�cho le job dont tout le monde r�ve et tu penses qu'� comment �a peut foirer.
C'est bien. Car seuls les parano�aques survivront.
Comme Cortez et ses espingouins tu es parti � la recherche de l'Eldorado. Tu as cram� tes vaisseaux et marav� autant d'Incas qu'il le fallait. Et bingo, tu l'as trouv� ce putain de paradis corporate. Et dans ce enfer impitoyable du bural, c'est un quasi-miracle. Sans conteste, la Providence t'as foutu des nouilles au cul. A ras bord. Avec de la sauce arrabiata.
Il y a maintenant deux risques pour toi, nich� dans ta planque aussi confortable que le sein d'une tepu nourrici�re : le premier qu'une raison ext�rieure te pousse � faire tes valoches (car tu serais bien con de vouloir te barrer d'un tel job) du genre ..euh... j'ai du mal � voir ce qui pourrait te pousser � partir .. � part peut-�tre une augmentation soudaine du taux de radioactivit� de la r�gion.
L'autre risque est que d'avides m�cr�ants viennent taper l'incruste dans ta boutique et spolient ton bonheur. Des jeunes clebs aux dents ac�r�s comme un string br�silien, qui se foutraient en t�te de faire du cost killing par exemple. Ou pire de l'ISO 9001. Ca pourrait te foutre un m�chant dawa et changer ton havre de glande en une vraie entreprise.
Contre ces deux risques, une seule parade : prendre le contr�le de la turne.
Je ne crois pas du tout que la solution dans ton cas soit de t'entra�ner comme un turkm�ne pour te maintenir en forme niveau survie en entreprise pour le moment o� tu l�cheras ce r�ve de bo�te. Je crois au contraire que tu dois tout faire pour y rester. Et pour cela, il te faut t'y attacher comme une moule � son rocher. Et comme ce sont les grosses moules qui tiennent le mieux, tu vois bien o� je veux en venir.
D'habitude, je ne recommande pas trop l'ambition carri�riste visant � se propulser le derche sur les plus hauts fauteuils d'une baraque, car ce sont souvent l� que sont les pires gal�res et les nuits sans levrettes. Mais dans ton cas, c'est la seule option possible pour pr�server ton paradis perdu.
Si tu veux maintenir le status quo, il te faudra tenir les r�nes. Autant que possible.
Tu veux te garantir une place en or dans cette turne mythique jusqu'� l'�ge b�ni de la retraite ? Alors bouge-toi un peu plus que tes camarades (ce qui devrait pas �tre trop dur) et grimpouille � l'�chelle qui sert de hi�rarchie dans ta zonm�.. jusqu'� atteindre un poste ind�boulonable comme Chef ou Maxi-Chef.
L�, tu seras vraiment peinard.
Tu pourras regarder les morpions d'en-dessous ne rien ramer non plus, et se dire qu'ils sont bien vernis d'avoir - et un job dans une bo�te aussi cool - et un boss aussi m�chamment branleur.
Quand tu en seras l�, et que cela sera de notori�t� publique. Il te faudra embaucher quelqu'un pour passer � la broyeuse le quintal et demi de CVs que tu recevras chaque semaine.
Peut-�tre m�me que je postulerais. Je ne sais pas pourquoi j'adore me marrer en lisant des CVs d�chiquet�s.
Image de Walter Parenteau taxab' sur Flickr. Licence Zouky Commons.